l’artiste

Ce jour-là, car il y a toujours un début à une histoire, j’avais vu “Le déporté” de Germaine Richier en 1953. C’était place de Jaude à Clermont Ferrand. Ce bronze, jamais revu, m’a ancré dans ma volonté de créer. « Un jour, je ferai » me suis-je promis. Hélas, il faut gagner sa vie, faire bouillir la marmite, élever ses mômes, s’intéresser à son travail.

Le travail  ? C’est ainsi que dans les années 80 ont été imprimés par la maison d’édition “L’école des loisirs” à Paris, une série de bouquins que j’estime plus importants que n’importe quelle œuvre d’art car, pour moi, elle illustre la meilleure façon d’apprendre pour nos petites écolières et petits écoliers français. Je résume en deux phrases : au cours préparatoire il faut écrire pour apprendre à lire. Ensuite – car en fin de C.P. les enfants écrivent comme s’ils sortaient du C.E.2 – ils continuent tous les jours à écrire et à l’issue de l’école élémentaire, ils auront produit l’équivalent du “Grand Meaulnes” d’Alain Fournier. Verseront-ils un jour dans l’illettrisme ? Que nenni .

« Un auteur “Culte” en apprentissage de la lecture et de l’écriture : Alex Clérino » affirmait à l’époque Laurence Bourguignon, écrivaine Belge. Mais un “instruizou” peut-il changer les règles de l’éducation nationale ? Retrouvons-nous maintenant, il y a plus de trois décennies, dans le champ de tir du Mont Thabor, entre Modane et Briançon; plus exactement au-dessus du refuge des Drayères en Névache. J’avais découvert les premiers éclats d’obus rouillés, coincés entre herbe à moutons et rhododendrons. J’en remplis deux poches extérieures de mon sac à dos et redescends vers ma voiture. Je constate qu’il n’y a plus rien dans les poches du sac. « C’était trop lourd, me dit mon épouse, j’ai tout jeté là-haut  ! » Heureusement, elle m’a, par la suite, beaucoup aidé ainsi que des amis, à rapporter les éclats dans nos sacs à dos.En les assemblant, ai-je donné vie à ces morceaux d’acier déchiquetés ? Torturés dans leurs formes par l’explosion et la dispersion, il m’a semblé qu’il fallait absolument respecter leur aspect : pas de modification extérieure en ce qui les concerne, “on crée avec” et on ajoute les uns après les autres les éléments de la sculpture ! Voici venu le temps de la soudure à l’arc pour composer un personnage et, dans l’ordre, le grenaillage de l’œuvre. Puis elle passe ensuite à la brosse électrique de la meuleuse, elle est traitée contre la rouille et enfin vernie. Parfois la sculpture reste rouillée volontairement. Quel que soit le résultat il y a toujours la volonté d’étonner celui qui découvre et de lui faire partager ma façon de voir les problèmes de notre monde, celui qui nous interpelle et pose trop de questions. C’est ma manière d’être car comme écrivait Paul Éluard :
« Laissez-moi décider seul de ce qui peut m’aider à vivre. La huitième dizaine approchant en ce qui concerne mon âge, ainsi que la fatigue et les déchéances de la vieillesse, m’ont poussé à délaisser un peu la sculpture et à me diriger vers la gravure sur cuivre, avec la pointe sèche et la manière noire. En 2017, la Xe triennale mondiale de l’estampe de Chamalières (63) a exposé cinq de mes gravures : “Les mains qui gravent” – “Ce soir, la femme du torero…”– “La mendicité, selon Rembrand, gravé par A.C.” – “La ronde des prisonniers d’après un tableau de Van Gogh, lui-même copiant une gravure de Gustave Doré et gravé par A.C.” – “Le nani” en manière noire. Parfois sculptures et gravures, chacun à leur manière, traitent le même sujet : “Famine au Soudan” ou “Histoire De Vent Terrifiant” ( H.D.V.T. ) ou encore “Lampedusa”. À mon avant-dernière exposition, “L’ultima” dans la banlieue stéphanoise, il y avait une cinquantaine de gravures et plus de 60 sculptures.

expositions

(non exhaustif

Éclats de vie

EXPOSITION PERSONNELLE
Dans le cadre de la 9e Biennale des Arts singuliers de Saint-Étienne et alentours
Du 6 au 28 mars 2024 – Vernissage le mercredi 6 mars à 18h
Galerie-Médiathèque Jules Verne – Place Raspail – 42150 La Ricamarie